Gérard Gachet, dessinateur

   FUSAIN
 STYLO A BILLE
MINE DE PLOMB
LITHOGRAPHIE
 AEROGRAPHE
GERARD
GACHET
Gérad Gachet
dessinateur

crédit photo : Alain Kaiser

Gérard Gachet nous a laissé une oeuvre qui ne demande qu'à se laisser cerner par les mots.
Elle est romantique, fantastique, réaliste.

Elle vibre, comme lui-même l'a bien senti, au souffle du vieux Rhin germanique qui entraîne en gerbes, en torsades, en vagues tempétueuses les barbes, les chevelures, les toisons féminines. On devine la présence des sapins autour des corps cambrés par les spasmes. Mais toutes les matières tentent ce grand artiste - granuleuses, écailleuses, polies, gluantes, touffues.

crédit photo : Alain Kaiser

Sous la lumière de l'orage — donc tantôt sourde et lourde, tantôt éclatante — des femmes entrouvrent des sexes peints avec une minutie tragique. Pourtant, l'érotisme de Gérard Gachet n'est pas absolument morbide, il est trahi par un amour sensuel des formes corporelles dont les galbes harmonieux sont caressés par un peintre qui ne peut s'empêcher — même s'il s'est donné un point de départ abstrait ou s'il prétend à une symbolique — de nous communiquer son désir et son plaisir. Et sans doute a-t-il craint de s'adresser trop directement à la sexualité de notre regard, d'où ces reptiles et ces batraciens qui selon lui refusaient l'anthropomorphisme — crainte superflue — les vulves de ses femmes peuvent être aussi troublantes que celles des femmes de Courbet mais, enigmatiques, elles repoussent autant qu'elles attirent.

Bien sûr, on peut aussi évoquer à propos de Gachet le surréalisme et Bosch, mais sa personnalité tient dans ce que ses obsessions conservent de singulier et d'irréductible, servies par une composition secrète, par la technique exigeante qu'il a su, alchimiste entêté, mettre à sa disposition.

Au-delà des mots auxquels j'ai recouru pour évoquer des traits et des couleurs demeure l'essentiel. On reconnaît d'emblée une oeuvre de Gachet.

Jacques LAURENT, de l'Académie Française

 

Gérard Gachet, un dessinateur de la contre-culture ? | Thérèse Willer